Interview de l’Ambassadeur d’Algérie, S.E Aissaoui Abdelhak
Sa parole dans les médias est quelque peu rare. l'Ambassadeur d'Algérie au Gabon, S.E.AISSAOUI ABDELHAK, a choisi de se confier à notre rédaction de l'AGP-Gabon Matin.
Monsieur l’Ambassadeur de la République Algérienne Démocratique et Populaire près la République Gabonaise et la République de Guinée-équatoriale avec résidence à Libreville, affirme que ces relations sont appelées à connaître de nouvelles perspectives, au regard de la volonté exprimée par les plus hautes autorités des deux pays. Dans cet entretien, le Diplomate algérien aborde également la tenue de l’élection présidentielle tenue dans son pays en septembre dernier, les réalisations du pouvoir algérien et ses résultats, ainsi que la dimension africaine de la politique et de l’économie de son pays.
Interview:
AGP / Gabon Matin :
L’Algérie a organisé l’élection présidentielle au mois de septembre 2024. Quelle est l’analyse et la conclusion qu’il faut retenir de ce rendez-vous électoral ?
S.E. Aissaoui Abdelhak: L’élection présidentielle organisée dans mon pays au mois de septembre 2024 a donné une large victoire au Président ABDELMADJID TEBBOUNE qui a remporté 83,30% des voix. Ce résultat démontre la popularité du Président Tebboune et le soutien populaire dont il continue de bénéficier. Ce soutien s’explique par les réalisations économiques et sociales qu’il a accomplies et le choix du peuple algérien qui a porté sur son programme électoral. En effet, le Président s’est attelé, depuis le début de son premier mandat, à défendre le caractère social du budget de l’Etat, et a consacré un large soutien à la classe populaire à revenus inférieurs. Je tiens aussi à souligner qu’il s’est fixé aussi comme objectifs de favoriser la coopération Sud-Sud parmi les pays africains.
Quelles sont ces réalisations et quels sont les résultats obtenus dernièrement ?
Depuis notre indépendance, l’Algérie a entamé un processus d’édification d’un pays libre et prospère.
Les statistiques enregistrées ces dernières années font ressortir un niveau de développement important. En 2023, l’économie algérienne a enregistré un solde positif de 12,7 milliards de dollars, en forte baisse par rapport à 2022 (26,9 milliards), à cause de la baisse des exportations conjuguées à une hausse des importations. Pour la dette extérieure, il n’y a pas eu de changement notable. Se situant à 3,1 milliards de dollars à fin-2023, contre 3,03 milliards une année auparavant, la dette représente toujours moins de 1% du PIB du pays. Les exportations hors hydrocarbures de l’Algérie avoisinent les 6 milliards de dollars d’exportations hydrocarbures en 2030. L’Algérie a réalisé un PIB de 260 milliards de dollars en 2023. Elle vise la réalisation d’un PIB de plus de 400 milliards de dollars en 2027. Concernant l’aspect social, et plus précisément le secteur de la Santé, les indicateurs de ce secteur ont enregistré une évolution remarquable durant la période 2016- 2023, qui traduit les efforts consentis, notamment en mati è r e d’amélioration de la couverture médicale, de prise en charge des pathologies prédominantes et de renforcement du dispositif institutionnel de ce secteur. L’espérance de vie à la naissance est passée à 77,2 ans en 2022 contre 57,4 ans en 1980, permettant à l’Algérie de se classer parmi les pays à développement humain élevé. L’Education, quant à elle, continue son évolution progressive à tous les niveaux. C’est ainsi que 604 nouveaux établissements ont été construits avant le début de l’année 2024-2025. Ce secteur fait des progrès dans le domaine de la numérisation. De même, une prime scolaire de 5000 dinars a été versée aux élèves démunis. On compte plus de 12 millions d’élèves dans les trois cycles (primaire, secondaire et supérieur). Les universités algériennes accueillent actuellement plus de 1.800.000 étudiants, dont de nombreux étudiants africains, y compris du Gabon. Une nouvelle appréciation très positive des performances de l’économie algérienne a été faite par les organismes internationaux. La Banque mondiale a de nouveau livré de bons points aux efforts de l’Algérie qui a pu faire partie des quatre seuls pays avec l’Iran, la Mongolie, et l’Ukraine, qui sont passés de la catégorie de ''revenu intermédiaire inférieur à supérieur''. Ceci constitue un changement significatif. Le revenu intermédiaire supérieur est situé entre 4156 et 14005 dollars par habitant.
Il s'agit là effectivement de très bons chiffres qui montrent la vitalité de l'économie algérienne. Toutefois, pouvez-vous nous indiquer quelques éléments de la dimension africaine de la politique et de l’économie de votre pays ?
Concernant les relations économiques et commerciales de l’Algérie avec le monde extérieur, il convient de souligner que celles-ci accordent une importance particulière à son appartenance africaine et arabe. S’agissant de la dimension africaine, le Président de la République a affirmé dernièrement que l’Algérie ambitionne de se frayer une place de choix dans son espace africain, à travers la révision de certaines lacunes et le lancement de plusieurs projets. C’est dans ce cadre que le projet du Gazoduc transsaharien (TSGP le projet TranSaharan Gas-Pipeline) devant acheminer le Gaz nigérian à l’Europe en passant par le Niger puis l’Algérie sur un tracé de 4000 km, peut être qualifié d’œuvre africaine majeure. L’Algérie aspire également à approvisionner l’Afrique en électricité et à lancer des projets de voies ferrées reliant les pays africains au bassin méditerranéen. L’Algérie s’emploie aussi à rattraper le retard accusé dans les lignes de transport vers les pays africains. La route transsaharienne qui relie six pays du Maghreb et du Sahel, bien que réalisée à 90%, devrait contribuer davantage à l’intégration régionale de la région, actuellement faible. Conçu dans les années 1960 à l’initiative de l’Algérie et de la Commission des Nations-Unies pour l’Afrique, la transsaharienne a pour objectif, l’intégration régionale et le désenclavement des zones déshéritées. L’Algérie a aussi réalisé 2548 km de fibre optique qui avaient permis de relier la capitale Alger à la ville de Aïn Guezzame située à l’extrême sud à la frontière avec le Niger. Une autre extension de la fibre optique avec la ville algérienne de Tindouf avait permis de relier Alger avec la frontière de la Mauritanie. L’Algérie a complétement adhéré à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) et apporte son soutien total à cette zone qui constituera le cadre réglementaire idoine pour garantir le flux des échanges entre les pays africains. Consciente de l’importance de ce projet, l’Algérie a œuvré à la concrétisation de la ZLECAF, dès l’amorce des négociations. Elle a toujours rappelé qu’il s’agit de l’une des plus grandes zones de libre-échange au monde. Dans le même contexte, il convient de souligner l’annonce faite par l’Algérie au Sommet de l’Union africaine tenu le 25 février 2023 à Addis-Abeba, d’injecter 1 milliard de dollars à l’Agence Algérienne de Coopération Internationale pour la solidarité et le développement, en vue de financer des projets dans les pays africains. Cette agence a été créée en 2020.
Une cinquantaine d'années après l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, où en sont les relations entre Libreville et Alger ?
S’agissant des relations bilatérales, l’Algérie et le Gabon entretiennent des relations solides de dialogue et de concertation, caractérisées par la disponibilité des autorités de nos deux pays de saisir toutes les opportunités offertes pour renforcer les relations bilatérales dans l’intérêt mutuel de nos deux peuples frères. Le programme de bourses offertes aux étudiants gabonais a repris après sa suspension en raison de la pandémie de la Covid. De même, le projet d’ouverture d’une ligne aérienne entre Alger et Libreville a connu des avancées importantes. Ce projet devra permettre la fluidité des personnes et des biens entre nos deux capitales, ouvrant la voie de la promotion des échanges commerciaux sur l’axe Alger-Libreville. La coopération entre Alger et Libreville est basée sur les principes du respect mutuel et le principe de l’encouragement des relations Sud-Sud dans le cadre du principe Gagnant-Gagnant. Les relations entre les deux pays sont appelées à connaître de nouvelles perspectives et ce, au vu de la volonté renouvelée des hautes autorités dans les deux pays, de consolider davantage la coopération bilatérale. Je saisis cette occasion pour souhaiter beaucoup de réussite pour le processus de Transition au Gabon, et aussi beaucoup de progrès et de prospérité pour le peuple frère du Gabon.